L'ART DE VIVRE CHEZ SOCRATE


Socrate n’a rien écrit. Sa philosophie n’est pas une doctrine, mais une sagesse mise en pratique.
l’art de vivre est lié à la connaissance et la connaissance est un art de vivre, ne visant pas forcément à la sérénité de l’esprit, mais requérant un état de veille permanent.
UNE VIE DE SAGE
Le sage aime à vivre en société, en établissant un rapport fécond avec l’autre. Il soigne sa santé, méprise l’argent, cultive son esprit, veille à rester modeste, pieux, grâce à un constant examen de conscience ; il obéit aux lois de la Cité, c’est un devoir, même si les lois ne sont pas justes.
« Connais-toi toi-même. »
L’homme est au centre de sa philosophie, au sens de la célèbre sentence gravée sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes : « Connais-toi toi-même. » Dans la cité, il appartient au sage d’entretenir avec les autres une relation privilégiée, d’abord par le dialogue.
Le  dialogue
Socrate aborde sans distinction tout citoyen, cordonnier, général, politicien, …, les interpelle dans leur vie quotidienne : « Toi qui allais ton chemin, arrête-toi, causons ; entretiens-moi de ce que tu étais sur le point de faire. Pourquoi crois-tu que cela soit juste, beau ou bon ? Explique-moi donc ce qu’est la justice, la beauté, la bonté, si tu y parviens. » Dialoguer devient philosopher, en maniant la contradiction à partir des arguments donnés par l’interlocuteur

l’art de faire accoucher les esprits
« Une vie sans examen ne mérite pas d’être vécue. » ( Platon, Apologie, 38 a)
Pour parvenir efficacement à faire naître l’autre à lui-même, Socrate recourt à  l’ironie. Selon Platon, dans Apologie (30 e), ses questions stimulent « comme un taon stimule un cheval », elles tournoient autour de la tête avant de piquer pour réveiller.
Socrate est un empêcheur de tourner en rond, un trouble-fête ; il préfère passer les thèses au crible plutôt que les soutenir. Cette méthode qui consiste à se regarder soi-même, non sans réticence, déconcerte son interlocuteur, le trouble et le transforme
Comment devenir  son propre juge
Socrate cherche l’être et non le paraître : il sonde l’invisible et aspire à faire accoucher les esprits an que chacun devienne son propre juge, conscient de ses responsabilités, maître de sa raison : « Voici l’art de la maïeutique ; j’exerce le même métier que ma mère : accoucher les esprits est ma tâche »

Sentences socratiques


« Cher Critias, tu me traites comme si je prétendais savoir les choses sur lesquelles je t’interroge (…). Il n’en est rien. Je cherche. Ensemble, nous examinons chaque problème qui se présente. Et si je cherche, c’est que moi-même je ne sais pas. » (Platon, Charmide).
« la seule science qu’il revendique, c’est de savoir qu’il ne sait rien. »(Platon, Apologie, 21 b et 23 b)
« Puisque Dieu est caché et que le monde est son secret, il n’est possible que de se connaître soi-même, c’est-à-dire de vouloir connaître ce qui est véritablement moi, ce qui me constitue. »


LA VIE DES PASSIONS ET LA VIE DE LA VERTU
Socrate  a dit : - « Réfléchis bien si tu es toujours du même avis sur les deux genres de vie(LA VIE DES PASSIONS ET LA VIE DE LA VERTU), celui où l’on se livre sans frein à ses désirs, et  celui où on les maîtrise, à partir de cette comparaison : supposons, par exemple, que deux hommes possèdent un grand nombre de tonneaux ; ceux du premier sont  en bon état et tous remplis, l’un de vin, l’autre de miel, celui-ci de lait ; il en a bien d’autres encore, pleins de diverses liqueurs, qui sont rares, difficiles à se procurer parce qu’elles demandent des travaux pénibles. Une fois ses ton­neaux remplis, cet homme n ’a plus à y verser quoi que ce soit ; il n’a plus à s’en inquiéter et reste, en  ce qui les concerne, parfaitement tranquille. Le second pourrait, comme le premier, se procurer ces mêmes liqueurs, même si ce n’est pas sans mal. Mais comme il n’a  que des tonneaux percés et fêlés, il sera sans cesse obligé de les remplir, jour et nuit, sous peine de souffrir les pires privations. La vie de ces deux hommes étant telles que je les décris, maintiendras-tu que celle de l’homme intempérant est plus heureuse que celle de l’homme qui sait se modérer ? Et parlant ainsi,       t ’aurai-je persuadé  de reconnaître qu’une vie réglée est préférable à une vie déréglée, ou bien ne t’ai-je en rien convaincu ? »

L’essence de la vêtu
La vertu est un savoir qui consiste à maîtriser les mouvements d’une nature aveugle (impulsions) et à adopter une conduite conforme à la science du bien, à prouver par des actes que ce qui est dit est vrai : bien penser ne suft pas, il faut également bien agir.
Vertu,  raison et  bonheur sont un, d’une même « essence ».
l’homme est naturellement porté vers le bien
La volonté est le désir du bien ; l’homme est naturellement porté vers le bien puisque la volonté est le désir essentiel de la nature humaine.

Suivre la raison
La raison est capable de certitude, elle porte en elle des concepts vrais ; utile à diriger notre conduite, elle ne s’oppose pas à l’intuition, mais aux certitudes toutes faites.

Le savoir selon Socrate
Savoir signifie adhérer à une idée, tout en étant certain qu'elle est vraie. Contrai rement à la croyance, le savoir est solide car fondé et donc objectif. C'est la raison pour laquelle la sagesse de Socrate réside en ceci qu'à la différence de ses adversaires, il ne croit pas savoir ce qu'il ne sait pas. Dit autrement, Socrate sait qu'il ne sait pas
Respecter la justice
Le dialogue se déroule dans la cellule de Socrate, condamné à mort par la cité d'Athènes en 399 avant J.-C. À son ami Criton qui vient lui annoncer qu'il a organisé son évasion:

« Bien, et une fois que tu as été mis au monde, que tu as été élevé et que tu as été éduqué, tu aurais le culot de prétendre que vous n’êtes pas toi, aussi bien que tes parents, à la fois nos rejetons et nos esclaves ? Et s’il en va bien ainsi, t ’imagines-tu qu’il y ait entre toi et nous égalité de droits, t’imagines-tu que ce que nous pouvons entreprendre de te faire, tu puisses, toi, en toute justice entreprendre de nous le faire en retour ? Quoi, tu serais égal en droit à ton père et à ton maître, si par hasard tu en avais un, et cela te permettrait de lui faire subir en retour ce qu’il t’aurait fait subir, de lui rendre injure pour injure, coup pour coup, etc. À l’égard de la cité et à l’égard des Lois, en revanche, cela te serait permis, de sorte que, si nous entreprenons de te faire périr parce que nous estimons que cela est juste, tu pourrais, toi, entreprendre, dans la mesure de tes moyens, de nous faire périr, nous, les Lois, et ta cité, et, en agissant de la sorte, tu pourrais dire que ce que tu fais est juste, toi qui as de la vertu un souci véritable ! Posséderais-tu un savoir  qui te ferait oublier que, en regard d ’une mère et d’un père et de la totalité de tes ancêtres, la patrie est chose plus honorable, plus vénérable, plus digne d’une sainte crainte et placée à un rang plus élevé, tant aux yeux des dieux qu’à ceux des hommes sensés, qu’il faut donc vénérer sa patrie, lui obéir et lui donner des marques de soumission plus qu’à un père, en l’amenant  à changer d’idée ou en faisant ce qu’elle ordonne et en supportant sans se révolter le traitement qu’elle prescrit de subir, que ce soit d ’être frappé, d ’être enchaîné, d’aller au combat pour y être blessé ou pour y trouver la mort ; oui, cela, il faut le faire, car c’est en cela que réside la justice et on ne doit ni se dérober, ni reculer, ni abandonner son poste, mais il faut, au combat, au  tribunal, partout, ou bien faire ce qu’ordonne la cité, c’est-à-dire la patrie, ou bien l’amener à changer d’idée en lui montrant en quoi consiste la jus­tice. N’est-ce pas au contraire une chose impie que de faire violence à une mère, à un père, et l’impiété serait-elle moindre quand il s’agit de la patrie ? »
L’influence de Socrate
La jeunesse athénienne aimait et suivait cet homme qui lui faisait comprendre le bien-fondé d’une remise en question de l’éducation familiale. En ce sens, Socrate « corrompait » les jeunes gens en cherchant à les émanciper de tout modèle. Aristophane, dans Les Nuées, va jusqu’à écrire : « Ce hâbleur détourne la jeunesse de notre enseignement ! » – Tant mieux ! aurait répondu Socrate.

L'ART DE VIVRE CHEZ SOCRATE  L'ART DE VIVRE CHEZ SOCRATE Reviewed by rachman on février 02, 2020 Rating: 5

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