Qu’est-ce que la politique ? Hannah Arendt 1





La politique repose sur un fait : la pluralité humaine.
La politique traite de la communauté et de la réciprocité d’êtres différents.
LE ROLE DE LA FAMILLE
Les familles sont fondées à l’image de refuges, de solides châteaux forts, dans un monde inhospitalier et étranger dans lequel dominent les affinités fondées sur la parenté. Ce désir d’affinités conduit à la perversion principielle du politique parce qu’il supprime la qualité fondamentale de la pluralité ou plutôt parce qu’il la perd en introduisant le concept d’alliance
L’HOMME ET LES DROITS
L’homme, tel que l’entendent la philosophie et la théologie, n’existe – ou ne se réalisera – dans la politique que s’il bénéficie des mêmes droits qui sont garantis aux individus les plus différents.
L’importance de la politique
La politique organise d’emblée des êtres absolument différents en considérant leur égalité relative et en faisant abstraction de leur diversité relative.
les préjugés et  la politique
Derrière les préjugés contre la politique, on trouve aujourd’hui – c’est-à-dire depuis l’invention de la bombe atomique – la peur que l’humanité elle-même puisse être balayée du monde à cause de la politique et des moyens violents dont elle dispose et, étroitement lié à cette peur
les préjugés contre la politique – l’idée que la politique en son fond est un tissu de mensonges et d’impostures au service d’intérêts sordides et d’une idéologie encore plus sordide, tandis que la politique étrangère oscille entre la pure propagande et la violence brutale – sont des faits beaucoup plus anciens que la découverte d’instruments au moyen desquels on peut détruire toute vie organique sur terre .
le rôle du préjugé
Le préjugé joue un grand rôle dans le domaine purement social ; il n’existe pratiquement pas de formation sociale qui ne s’appuie plus ou moins sur les préjugés, en fonction desquels certaines catégories d’hommes sont acceptées et d’autres rejetées. Plus un homme est libre de tout préjugé, moins il sera adapté à la vie purement sociale
d’une manière générale, nous ne pouvons pas nous mouvoir sans jugement, puisque, comme nous le verrons par la suite, la pensée politique est essentiellement fondée sur la faculté de juger

L’une des raisons de l’efficacité et du danger des préjugés consiste en ce qu’une partie du passé se cache toujours en eux.

Pour détruire les préjugés
Si l’on veut détruire les préjugés, il faut toujours en premier lieu retrouver les jugements passés qu’ils recèlent en eux, c’est-à-dire en fait mettre en évidence leur teneur de vérité.


L’ environnent des préjugés
C’est seulement à l’occasion de chaque crise historique que les préjugés vacillent : on ne peut plus se fier à eux précisément parce que, en l’absence d’obligation qui résulte du « on dit » et du « on pense », dans l’espace restreint où ils trouvent leur légitimation et leur utilisation, ils ne peuvent plus prétendre à être reconnus et par conséquent ils se solidifient très facilement en quelque chose qui ne correspond pas à leur nature, à savoir ces pseudo-théories qui proposent des visions du monde fermées sur elles-mêmes ou des idéologies qui prétendent tout expliquer et saisir la réalité historico-politique dans son ensemble.
Qu'est-ce que la politique ?
on entend par politique, comme c’est souvent le cas, une relation entre dominants et dominés
la tyrannie et la forme moderne de la domination totalitaire
 Il est souvent arrivé au cours de l’histoire qu’on se débarrasse des hommes en tant qu’acteurs, non seulement à l’échelle mondiale – que ce soit sous la forme, qui nous paraît aujourd’hui démodée, de la tyrannie, dans laquelle la volonté d’un homme exigeait que la voie soit libre, ou que ce soit sous la forme moderne de la domination totalitaire, dans laquelle on voudrait libérer les « forces historiques » et les processus prétendument supérieurs et les plus impersonnels en rendant les hommes esclaves d’elles.
Les moyens de contrôles dans les démocraties
dans les démocraties de masse, en l’absence de toute terreur, et pour ainsi dire de manière spontanée, se manifeste une impuissance similaire des hommes, tandis que prend également place un retournement tout aussi durable du processus de consommation et d’oubli quand bien même ces phénomènes, dans le monde libre et non terrorisé, demeurent-ils limités à la politique et à l’économie au sens étroit des termes.
la politique choisi le monde et pas l’homme
au centre de la politique, on trouve toujours le souci pour le monde et non pour l’homme, et en vérité le souci d’un monde organisé de telle ou telle façon, sans lequel ceux qui se soucient et qui sont des politiques estimeraient que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
La politique a-t-elle finalement encore un sens ?
le sens de la politique est la liberté.
Dans la question ainsi posée, Hannah Arendt, entend deux choses différentes : tout d’abord l’expérience des formes de régimes totalitaires dans lesquelles c’est l’existence tout entière des hommes qui a été complètement politisée, ne laissant en conséquence subsister absolument plus aucune liberté.
les concepts de la politique
depuis l’Antiquité, plus personne n’a pensé que le sens de la politique était la liberté de même qu’à l’époque moderne le politique a été considéré, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, comme un moyen d’assurer la satisfaction des besoins vitaux de la société et la productivité du libre développement social.
La continuité de l’espèce humain est une sorte de miracle
il n’est peut-être pas hors de propos de rappeler brièvement que le cadre tout entier de notre existence réelle – l’existence de la terre, de la vie organique sur terre, l’existence de l’espèce humaine – repose sur une sorte de miracle.
chaque fois que quelque chose de nouveau se produit, c’est de façon inattendue, incalculable et en définitive causalement inexplicable, à la manière dont un miracle se produit dans le cadre d’événements calculables. En d’autres termes, chaque nouveau commencement est par sa nature même un miracle
ce que nous appelons réalité est le résultat des phénomènes improbables
ce que nous appelons réalité n’est qu’un entrelacs de réalité terrestre, organique et humaine, qui a précisément émergé comme réalité à partir des phénomènes « infiniment improbables »

la liberté politique consiste aussi dans le retrait du politique
la liberté non seulement ne consiste pas dans l’agir et dans la politique, mais au contraire n’est possible que si l’homme renonce à l’agir, que s’il se retire du monde pour se replier sur lui-même et évite le politique.
Le sens de la politique
La question du sens de la politique, tout comme la méfiance à l’égard de la politique sont très anciennes
La politique est une nécessité
La politique est une nécessité impérieuse pour la vie humaine, qu’il s’agisse de l’existence de l’individu ou de celle de la société. L’homme ne vivant pas en autarcie, mais dépendant des autres pour son existence même
la fin de la politique
La tâche et la fin de la politique consistent à garantir la vie au sens le plus large. Elle permet à l’individu de poursuivre ses objectifs en toute tranquillité et en paix
La nécessité de l’état
-Parce que -on a affaire à des hommes et non pas à des anges, le souci de l’existence ne peut s’effectuer que par l’intermédiaire d’un État qui possède le monopole de la violence et qui empêche la guerre de tous contre tous.
l’homme comme être vivant politique Aristote
la politique existe et a toujours et partout existé là où des hommes se sont assemblés
la liberté par l’esclavage
l’exploitation du travail des esclaves dans l’Antiquité visait à libérer complètement les maîtres du travail pour qu’ils puissent se consacrer à la liberté du politique
les avantages du despote éclairé selon les grecs
 Les Grecs savaient qu’un tyran doté de raison (ce que nous nommons un despote éclairé) présentait de grands avantages en ce qui concerne la simple prospérité de l’État et l’épanouissement des arts, aussi bien matériels qu’intellectuels. Seule la liberté avait disparu.
Selon Arendt Le politique n’est nullement nécessaire
Le politique n’est précisément nullement nécessaire, ni au sens impérieux d’un besoin de la nature humaine, tels la faim ou l’amour, ni au sens d’une institution indispensable pour la communauté humaine. Au contraire, commence même précisément là où le domaine des nécessités matérielles et celui de la force physique cessent. En tant que tel, le politique a si rarement existé en si peu d’endroits, que, historiquement parlant, seules quelques grandes époques l’ont connu et réalisé. Mais ces quelques rares moments heureux de l’histoire n’en sont pas moins décisifs ; c’est seulement en eux que le sens de la politique, et du même coup la chance ou la malchance du politique, se manifeste pleinement.
Le courage est la première de toutes les vertus politiques
il fait aujourd’hui encore partie des quelques vertus cardinales de la politique parce que nous ne pouvons pénétrer dans l’espace public, c’est-à-dire dans le monde qui nous unit tous, et qui est à proprement parler l’espace politique, que si nous nous éloignons de notre existence privée et de notre sphère familiale à laquelle notre vie se rattache.

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