La politique repose sur un fait : la pluralité humaine.
La politique traite de la communauté et de la
réciprocité d’êtres différents.
LE ROLE
DE LA FAMILLE
Les familles sont
fondées à l’image de refuges, de solides châteaux forts, dans un monde
inhospitalier et étranger dans lequel dominent les affinités fondées sur la
parenté. Ce désir d’affinités conduit à la perversion principielle du politique
parce qu’il supprime la qualité
fondamentale de la pluralité ou plutôt parce qu’il la perd en introduisant le
concept d’alliance
L’HOMME ET LES DROITS
L’homme, tel que l’entendent la philosophie et la
théologie, n’existe – ou ne se réalisera – dans la politique que s’il bénéficie
des mêmes droits qui sont garantis aux individus les plus différents.
L’importance de la politique
La politique organise d’emblée des êtres absolument
différents en considérant leur égalité relative et en faisant
abstraction de leur diversité relative.
les préjugés et la
politique
Derrière les préjugés contre la politique, on trouve
aujourd’hui – c’est-à-dire depuis l’invention de la bombe atomique – la peur
que l’humanité elle-même puisse être balayée du monde à cause de la politique
et des moyens violents dont elle dispose et, étroitement lié à cette peur
les préjugés contre la politique – l’idée que la
politique en son fond est un tissu de mensonges et d’impostures au service
d’intérêts sordides et d’une idéologie encore plus sordide, tandis que la
politique étrangère oscille entre la pure propagande et la violence brutale –
sont des faits beaucoup plus anciens que la découverte d’instruments au moyen
desquels on peut détruire toute vie organique sur terre .
le rôle du préjugé
Le préjugé joue un grand rôle dans le domaine purement
social ; il n’existe pratiquement pas de formation sociale qui ne s’appuie plus
ou moins sur les préjugés, en fonction desquels certaines catégories d’hommes
sont acceptées et d’autres rejetées. Plus
un homme est libre de tout préjugé, moins il sera adapté à la vie purement
sociale
d’une manière générale, nous ne pouvons pas nous
mouvoir sans jugement, puisque, comme nous le verrons par la suite, la pensée
politique est essentiellement fondée sur la faculté de juger
L’une des raisons de l’efficacité et du danger des
préjugés consiste en ce qu’une partie du passé se cache toujours en eux.
Pour détruire les préjugés
Si l’on veut détruire les préjugés, il faut toujours en
premier lieu retrouver les jugements passés qu’ils recèlent en eux,
c’est-à-dire en fait mettre en évidence leur teneur de vérité.
L’ environnent des préjugés
C’est seulement à l’occasion de chaque crise historique
que les préjugés vacillent : on ne peut plus se fier à eux précisément parce
que, en l’absence d’obligation qui résulte du « on dit » et du « on pense »,
dans l’espace restreint où ils trouvent leur légitimation et leur utilisation,
ils ne peuvent plus prétendre à être reconnus et par conséquent ils se
solidifient très facilement en quelque chose qui ne correspond pas à leur
nature, à savoir ces pseudo-théories qui proposent des visions du monde fermées
sur elles-mêmes ou des idéologies qui prétendent tout expliquer et saisir la
réalité historico-politique dans son ensemble.
Qu'est-ce que la politique ?
on entend par politique, comme c’est souvent le cas,
une relation entre dominants et dominés
la tyrannie et la forme moderne de la domination
totalitaire
Il est souvent
arrivé au cours de l’histoire qu’on se débarrasse des hommes en tant
qu’acteurs, non seulement à l’échelle mondiale – que ce soit sous la forme, qui
nous paraît aujourd’hui démodée, de la tyrannie, dans laquelle la volonté d’un
homme exigeait que la voie soit libre, ou que ce soit sous la forme moderne de
la domination totalitaire, dans laquelle on voudrait libérer les « forces
historiques » et les processus prétendument supérieurs et les plus impersonnels
en rendant les hommes esclaves d’elles.
Les moyens de contrôles dans les démocraties
dans les démocraties de masse, en l’absence de toute
terreur, et pour ainsi dire de manière spontanée, se manifeste une impuissance
similaire des hommes, tandis que prend également place un retournement tout
aussi durable du processus de consommation et d’oubli quand bien même ces
phénomènes, dans le monde libre et non terrorisé, demeurent-ils limités à la
politique et à l’économie au sens étroit des termes.
la politique choisi le monde et pas l’homme
au centre de la politique, on trouve toujours le souci
pour le monde et non pour l’homme, et en vérité le souci d’un monde organisé de
telle ou telle façon, sans lequel ceux qui se soucient et qui sont des politiques
estimeraient que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
La politique a-t-elle finalement encore un sens ?
le sens de la politique est la liberté.
Dans la question ainsi posée, Hannah Arendt, entend
deux choses différentes : tout d’abord l’expérience des formes de régimes
totalitaires dans lesquelles c’est l’existence tout entière des hommes qui a
été complètement politisée, ne laissant en conséquence subsister absolument
plus aucune liberté.
deuxièmement du fait du développement monstrueux des
capacités modernes d’anéantissement dont les États ont le monopole
les concepts de la politique
depuis l’Antiquité, plus personne n’a pensé que le sens
de la politique était la liberté de même qu’à l’époque moderne le politique a
été considéré, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, comme un
moyen d’assurer la satisfaction des besoins vitaux de la société et la
productivité du libre développement social.
La continuité de l’espèce humain est une sorte de miracle
il n’est peut-être pas hors de propos de rappeler
brièvement que le cadre tout entier de notre existence réelle – l’existence de
la terre, de la vie organique sur terre, l’existence de l’espèce humaine –
repose sur une sorte de miracle.
chaque fois que quelque chose de nouveau se produit,
c’est de façon inattendue, incalculable et en définitive causalement
inexplicable, à la manière dont un miracle se produit dans le cadre
d’événements calculables. En d’autres termes, chaque nouveau commencement est
par sa nature même un miracle
ce que nous appelons réalité est le résultat des
phénomènes improbables
ce que nous appelons réalité n’est qu’un entrelacs de
réalité terrestre, organique et humaine, qui a précisément émergé comme réalité
à partir des phénomènes « infiniment improbables »
la liberté politique consiste aussi dans le retrait du politique
la liberté non seulement ne consiste pas dans l’agir et
dans la politique, mais au contraire n’est possible que si l’homme renonce à
l’agir, que s’il se retire du monde pour se replier sur lui-même et évite le
politique.
Le sens de la politique
La question du sens de la politique, tout comme la
méfiance à l’égard de la politique sont très anciennes
La politique est une nécessité
La politique est une nécessité impérieuse pour la vie
humaine, qu’il s’agisse de l’existence de l’individu ou de celle de la société.
L’homme ne vivant pas en autarcie, mais dépendant des autres pour son existence
même
la fin de la politique
La tâche et la fin de la politique consistent à
garantir la vie au sens le plus large. Elle permet à l’individu de poursuivre
ses objectifs en toute tranquillité et en paix
La nécessité de l’état
-Parce que -on a affaire à des hommes et non pas à des
anges, le souci de l’existence ne peut s’effectuer que par l’intermédiaire d’un
État qui possède le monopole de la violence et qui empêche la guerre de tous
contre tous.
l’homme comme être vivant politique Aristote
la politique existe et a toujours et partout existé là
où des hommes se sont assemblés
la liberté par l’esclavage
l’exploitation du travail des esclaves dans l’Antiquité
visait à libérer complètement les maîtres du travail pour qu’ils puissent se
consacrer à la liberté du politique
les avantages du despote éclairé selon les grecs
Les Grecs
savaient qu’un tyran doté de raison (ce que nous nommons un despote éclairé)
présentait de grands avantages en ce qui concerne la simple prospérité de
l’État et l’épanouissement des arts, aussi bien matériels qu’intellectuels.
Seule la liberté avait disparu.
Selon Arendt Le politique n’est nullement nécessaire
Le politique n’est précisément nullement nécessaire, ni
au sens impérieux d’un
besoin de la nature humaine, tels la faim ou l’amour, ni au sens d’une
institution indispensable pour la communauté humaine. Au contraire, commence
même précisément là où le domaine des nécessités matérielles et celui de la
force physique cessent. En tant que tel, le politique a si rarement existé en
si peu d’endroits, que, historiquement parlant, seules quelques grandes époques
l’ont connu et réalisé. Mais ces quelques rares moments heureux de l’histoire
n’en sont pas moins décisifs ; c’est seulement en eux que le sens de la
politique, et du même coup la chance ou la malchance du politique, se manifeste
pleinement.
Le courage est la première de toutes les vertus
politiques
il fait aujourd’hui encore partie des quelques vertus
cardinales de la politique parce que nous ne pouvons pénétrer dans l’espace
public, c’est-à-dire dans le monde qui nous unit tous, et qui est à proprement
parler l’espace politique, que si nous nous éloignons de notre existence privée
et de notre sphère familiale à laquelle notre vie se rattache.
Qu’est-ce que la politique ? Hannah Arendt 1
Reviewed by rachman
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janvier 24, 2020
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