INTRODUCTION
Selon Aristote :« l’homme est le vivant politique » alors ce
n’est qu’au sein d’une cité qu’il peut
réaliser son humanité. pourtant l’organisation d’une coexistence cohérente
entre les hommes ne va pas de soi .
Certes la société a été créée pour certains philosophes par une décision des hommes qui la composent,
et que les règles qui la régissent, les droits et obligations de ses membres
peuvent être expliqués, voire déduits de cette décision constitutive, ce qui
implique que l’on s’interroge sur son essence.
QUESTIONS
comment concilier les désirs et intérêts contradictoire de chacun
avec le bien de tous ?
Peut-on concevoir une société sans État ?
Aristote
Et la communauté achevée formée
de plusieurs villages est une cité dès lors qu’elle a atteint le niveau de l’
autarcie
pour ainsi dire complète ; s’étant donc constituée pour permettre de vivre,
elle permet, une fois qu’elle existe, de mener une vie heureuse. Voilà pourquoi
toute cité est naturelle : c’est parce que les communautés antérieures dont
elle procède le sont aussi. Car elle est leur fin, et la nature est fin : ce
que chaque chose, en effet, est une fois que sa genèse est complètement
achevée, c’est cela que nous disons être la nature de cette chose, par exemple
la nature d’un homme, d’un cheval, d’une famille. De plus le ce en vue de quoi,
c’est-à-dire la fin, c’est le meilleur, et l’autarcie est à la fois une fin et
quelque chose d’excellent.
Il est manifeste, à partir de
cela, que la cité fait partie des choses naturelles, et que l’homme est par
nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien
sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un
être surhumain, et il est comme celui qui est injurié en ces termes par Homère : « sans lignage,
sans loi, sans foyer ».
Car un tel homme est du même coup
naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé au jeu de
trictrac…… Il n’y a en effet qu’une chose qui soit propre aux hommes par
rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien,
du mal, du juste, de l’injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de
telles notions en commun c’est ce qui fait une famille et une cité.
Aristote, Les Politiques, p.
90-92.
l’homme, affirme Aristote, est par nature un vivant politique ;
peu importe dès lors que la société soit née d’un groupement d’individus, car
ce groupement et la vie en société qui en résulte n’ont rien d’arbitraire ni de
conventionnel, mais sont conformes à la nature
c’est pourquoi Aristote définit trois ensembles
nécessaires :
la famille, le village et la cité. La famille
organise la parenté et assure la filiation ; le village
quant à lui pourrait correspondre à ce que nous nommons la société civile : il
assure la prospérité économique et pourvoit aux besoins des familles par
l’organisation du travail et des échanges.
Enfin, il y a la cité, parce que les seules communautés
familiales et économiques ne satisfont pas tous les besoins de l’homme : il lui
faut vivre sous une communauté politique, qui a pour fonction d’établir les
lois. Selon Aristote, la cité, c’est-à-dire l’organisation politique, est
pour l’homme « une seconde nature » : par
elle, l’homme quitte la sphère du naturel pour entrer dans
un monde proprement humain.
L’État moderne a fait disparaître l’idée grecque de la
politique comme prolongement de la sociabilité naturelle des hommes.
Qu’est-ce qui caractérise la notion d’État ?
L’idée moderne d’État pose la séparation, entre le cadre constitutionnel des lois et ceux qui exercent
le pouvoir : ceux-ci ne sont que des ministres, c’est-à-dire des serviteurs,
dont le rôle est de faire appliquer la loi, de maintenir l’ordre social et de
garantir les droits des citoyens dans un cadre qui les dépasse.
L’État se caractérise en effet par sa transcendance
(il est au-dessus et d’un autre ordre que la société) et sa permanence sous les
changements politiques. Expression du cadre commun à la vie de tous les
citoyens, on comprend qu’il doive se doter d’un appareil de contrainte apte à en
assurer le respect.
Toute forme d’État est-elle légitime ?
Rousseau
Selon Rousseau : Un État est légitime quand le
peuple y est souverain, c’est-à-dire quand les lois sont l’expression de la «
volonté générale » (Rousseau).
Celle-ci n’est pas la volonté de la majorité mais ce
que tout homme doit vouloir en tant que citoyen ayant en vue le bien de tous,
et non en tant qu’individu n’ayant en vue que son intérêt propre.
La force en effet ne fait pas le droit : les hommes
ne peuvent conserver et exercer leur liberté que dans un État fondé sur des
lois dont ils sont les coauteurs. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils peuvent
être libres tout en obéissant aux lois
Montesquieu
Il y a, dans chaque État, trois
sortes de pouvoirs ; la puissance législative, la puissance exécutrice des
choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles
qui dépendent du droit civil.
Par la première, le prince ou le
magistrat fait des lois pour un temps ou pour toujours, et corrige ou abroge
celles qui sont faites. Par la seconde, il fait la paix ou la guerre, envoie ou
reçoit des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions. Par la
troisième, il punit les crimes, ou juge les différends des particuliers. On
appellera cette dernière la puissance de juger ; et l’autre, simplement la
puissance exécutrice de l’État. La liberté politique, dans un citoyen, est
cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté
; et, pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel, qu’un
citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen.
Lorsque, dans la même personne ou
dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la
puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que
le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques, pour les
exécuter tyranniquement.
Il n’y a point encore de liberté,
si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de
l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la
liberté des citoyens serait arbitraire ; car le juge serait législateur. Si elle
était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un
oppresseur.
Tout serait perdu, si le même
homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient
ces trois pouvoirs : celui de faire des lois,
celui d ’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou
les différends des particuliers.
Montesquieu. De l’esprit des
lois, p. 294-295.
Montesquieu est à l'origine de la théorie fort célèbre de la séparation
des pouvoirs : les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ne doivent pas
être concentrés entre les mêmes mains. Et ces trois pouvoirs, se limitent et se
contrôlent mutuellement Mais ils doivent rester à la fois distincts et
indépendants les uns des autres, afin d’éviter qu’aucun individu ni aucun
groupe– même le peuple– ne puisse
exercer de tyrannie.
Tocqueville
Tocqueville (1805-1859) a mis en débat
le courant démocratique et prolonge ce afflux
libéral.
Le danger, c’est celui d’une «
tyrannie de la majorité » : celle-ci s’exercerait par « un pouvoir immense et
tutélaire », à la fois « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » (c’est
ce qu’on appelle aujourd’hui l’État providence), et serait renforcée, plutôt
que limitée, par l’opinion publique, autrement dit par « la pression immense de
l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun » (comme le confirment le poids,
de nos jours, des sondages d’opinion, des médias et de l’audimat). La
démocratie, alors, ne serait plus qu’une « sorte de servitude, réglée, douce et
paisible ». Cela vaut mieux que l’esclavage ou la barbarie. Mais est-ce encore
la liberté ?
COURS SUR L’ÉTAT 1 Terminale ES
Reviewed by rachman
on
décembre 21, 2019
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