Texte de Karl Marx
On
abuse de la machinerie pour transformer l’ouvrier, dès son enfance, en partie
d’une machine partielle. Non seulement les coûts nécessaires à sa reproduction
s’en trouvent considérablement diminués, mais sa dépendance irréversible à
l’égard de l’ensemble de la fabrique, et donc du capitaliste, atteint en même
temps son achèvement. [...] Dans la manufacture et dans l’artisanat, l’ouvrier
se sert de l’outil, dans la fabrique il sert la machine. Dans le premier cas,
c’est de lui que procède le mouvement du moyen de travail ; dans le second, il
doit suivre le mouvement du moyen de travail. Dans la manufacture, les ouvriers
sont les membres d’un mécanisme vivant. Dans la fabrique, il existe,
indépendamment d’eux, un mécanisme mort auquel on les incorpore comme des
appendices vivants. (...)Tout en agressant à l’extrême le système nerveux, le
travail sur les machines bloque le jeu complexe des muscles et confisque toute
liberté d’action du corps et de
l’esprit. Même l’allégement du travail se transforme en moyen de torture, dans
la mesure où la machine ne libère pas l’ouvrier du travail, mais ôte au travail
son contenu. Toute production capitaliste, dans la mesure où elle n’est pas
seulement procès de travail, mais en même temps procès de valorisation du
capital, présente ce caractère commun : ce n ’est pas le travailleur qui
utilise la condition de travail, mais inversement la condition de travail qui
utilise le travailleur ; c’est seulement avec la machinerie que ce renversement
acquiert une réalité techniquement tangible. C’est pendant le procès même de
travail que le moyen de travail, du fait de sa transformation en un automate,
se pose face au travailleur comme capital, comme travail mort qui domine et aspire la force vivante du travail. [...] La
dextérité et la minutie du travailleur sur machine vidé de sa substance en tant
qu’individu, disparaissent tel un minuscule accessoire devant la science,
devant les énormes forces naturelles
et
le travail social de masse, dont le système des machines est l’incarnation et
qui fondent avec lui la puissance du « maître ».
Karl Marx, Le Capital, p.
473-475.
MOTS DE TEXTE
Le capitalisme : est un système économique caractérisé par la
propriété privée des richesses. Considérant qu'il accroît les inégalités,
certains régimes politiques prendront au XXe siècle la voie du communisme,
système théorisé par Marx et fondé sur le partage des richesses.
Questions
1. Quelles
différences existe-t-il entre l'outil et la machine ?
2. Pourquoi la
machine est-elle un instrument de domination capitaliste ?
Thèse de Marx
Selon Karl Marx le travail
dans le système capital perd sa fonction libératrice et devient un instrument
de domination aux mains de ceux qui sont propriétaires des moyens de
production. Le passage de la manufacture à l'industrialisation ne fait que
renforcer, avec la division technique du travail, le processus d'exploitation
et d'aliénation des prolétaires.
Karl Marx
connu pour avoir dénoncé les conditions de l'ouvrier à la fin du 19 siècle,
dont le travail se voit détourné de sa fonction humanisante à cause de
l'introduction et du développement du machinisme. Là où l'artisan avait la
possibilité de s'humaniser dans la création d'un objet original et dans
l'utilisation d'outils nécessitant un véritable savoir-faire, l'ouvrier du
monde industriel voit son travail morcelé et automatisé. C'est la machine qui
dicte et impose son rythme et son geste au travailleur, lequel devient
l'élément anonyme et substituable d'un système déterminé par les lois du
rendement.
Réduit au rang d'animal (l'ouvrier ne doit plus penser pour rendre
ses gestes plus efficaces), le travailleur est aliéné, au sens où le travail le
dépossède de son humanité. Le comble de cette aliénation, souligne Marx, est
que l'ouvrier n'a pas non plus le moyen de s'humaniser en dehors du travail,
son salaire ne lui permettant que de reconstituer sa force de travail (boire,
manger, se loger), et que là encore, dans cette satisfaction minimale des
besoins, l'homme est abaissé au rang de l'animal.
CITATION
la déférence entre le travail humain
et le travail de l’animale
1.
« on peut distinguer les hommes
des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que L’on
voudra. Eux-mêmes commencent à se
distinguer des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens
d'existence ». Marx et Engels, L'idéologie allemande, 1932
2.
« le travail est la modification utile du milieu
extérieur opérée par I ‘homme »
Auguste comte Système de politique positive,
1852
Le travail et la technique 2 Le travail nous empêche-t-il d’être libres ?
Reviewed by rachman
on
novembre 04, 2019
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