Le travail et la technique -1-


INTRODUCTION
Toute société humaine est fondée sur un partage du travail entre ses différents membres. La nécessité du travail est pourtant vécue comme une malédiction pénible. N’est-il pas cependant une condition de l’accomplissement de l’humanité ? En outre, chacun produisant quelque chose de différent, comment mesurer la valeur relative des biens que l’on échange 
MOTS CLÉS
·       Le travail (du latin tripaliare, « tourmenter avec un tripalium [instrument de torture ou pour ferrer les animaux] ») désigne l'action que l'homme entreprend afin de transformer la nature pour l'adap­ter efficacement à ses besoins.
·       La technique (du grec tekhnê, « habileté ») caractérise les moyens mis en œuvre à cette fin.  Et Ensemble de procédés bien définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles.
QUESTIONS
1-        Travailler, est-ce s’humaniser ?
2-        En quoi le travail est-il une nécessité ?
3-        La nécessité du travail n’est-elle qu’une contrainte ?
4-        Travailler est-il un obstacle à la liberté ?
5-        L’organisation capitaliste du travail en change-t-elle le sens? 

1-         Travailler, est-ce s’humaniser ?
Texte de Aristote
Certes, il n’est pas douteux qu’il faut être instruit dans ceux des arts utiles qui sont indispensables, mais il est manifeste que ce n ’est pas à toutes les tâches - qui se divisent en celles qui conviennent à un homme libre et celles qui en sont indignes - qu’il faut participer mais à celles des  tâches utiles qui ne transforment pas celui qui s’y livre en sordide artisan.
Or on doit considérer comme digne d’un artisan toute tâche, tout art, toute connaissance qui aboutissent à rendre impropres à l’usage et la pratique de la vertu le corps, l’âme ou l’intelligence des hommes libres. C’est pourquoi les arts de ce genre qui affligent le corps d’une disposition plus mauvaise  nous les disons dignes des artisans et nous le disons de même des activités salariées. Car ils rendent la pensée besogneuse et abjecte. Et même pour les sciences libérales il n ’est, d ’un côté, pas indigne d’un homme libre de s’adonner à certaines d’entre elles jusqu’à un certain point, mais, d ’un autre côté, y être trop assidu pour en acquérir une connaissance précise expose  aux dommages qu’on a dits. Il y a aussi une grande différence selon le but que l’on a dans l’action ou l’étude : si c’est pour soi-même, ses amis ou en visant la vertu, ce n’est pas indigne d’un homme libre, mais le faire pour d’autres cela semblera souvent agir comme un homme de peine et un esclave. [...]
Si, en effet, il faut les deux, il vaut mieux choisir la vie de loisir que la  vie laborieuse et il faut rechercher comme but ce qu’il convient de faire dans cette vie de loisir. Ce n’est certainement pas jouer, car alors le jeu serait nécessairement pour nous la fin de la vie. Mais si cela est impossible et s’il faut plutôt recourir aux jeux pendant notre labeur (car celui qui peine a besoin de détente et le jeu vise à la détente, alors que le labeur s’accompagne  de fatigue et d’effort), pour cette raison il faut introduire les jeux dans l’édu­cation en y ayant recours au moment opportun, c’est-à-dire en s’en servant à titre de remède. Car le mouvement de l’âme dû au jeu est un relâchement et, par le plaisir qu’il procure, une détente. La vie de loisir, par contre, a, semble-t-il, en elle-même le plaisir et le bonheur de la vie bienheureuse. Mais cela n’appartient pas à ceux qui ont une vie laborieuse, mais à ceux qui ont une vie de loisir, car l’homme laborieux accomplit son labeur en vue de quelque fin qu’il ne possède pas ; mais le bonheur est une fin qui, de l’avis de tous, ne s’accompagne pas de peine mais de plaisir.
Aristote, Les Politiques, Garnier-Flammarion, trad. P. Pellegrin, p. 519-522
MOTS DE TEXTE
les sciences libérales : Sciences qui, comme l'arithmétique ou la rhétorique, sont dignes des hommes libres car elles relèvent de l'esprit, et non de la main
la vie de loisir : Dans l'Antiquité grecque, temps libre qu'un homme consacre à l'étude. Il était réservé aux citoyens libres.

QUESTIONS
1. Pourquoi le travail est-il considéré comme étant indigne de l'homme ?
2. Que signifie l'idée selon laquelle le loisir est à lui-même sa propre fin ?
Thèse de Aristote
Parce que le travail renvoie toujours au cycle naturel des besoins ,Aristote le considère comme une activité servile et indigne des hommes libres.
la pénibilité du travail, qui l'apparente au labeur. Il y a là le signe d'une nécessité naturelle qui nous pousse à travailler de nos mains pour vivre des fruits de notre besogne. Ainsi l'Antiquité voyait-elle dans le travail une activité indigne, propre aux esclaves et aux animaux, et réservait-elle aux citoyens libres les activités intellectuelles  lesquelles constituaient ce qu'on appelait le loisir

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