Qu'est-ce que I ‘histoire ?
réponse de Henri-Irénée Marrou
« Qu'est-ce donc que I ‘histoire ? Je proposerai de répondre :L'histoire est la connaissance du passé humain ».
Henri-Irénée Marrou, De la
connaissance historique, 1954.
La naissance de l’histoire
L'histoire comme discipline
scientifique naît en rupture avec la tradition des mythes. Comme le revendique
déjà Thucydide (v e s. av. J .- C )
La définition de l’histoire
Ce terme désigne à la fois l'ensemble des faits et événements qui
composent le passé humain et la discipline scientifique qui en vise la
connaissance. D'ailleurs, historia, en grec, signifie « enquête ».
Questions
Dans quelle mesure cependant l'histoire peut-elle prétendre au
rang de science ? Et n'offre-t-elle à l'homme qu'une connaissance de son passé,
révolu, ou lui permet-elle aussi d'éclairer son avenir, comme le suggèrent les philosophies de l'Histoire ?
L’objectivité comme
qualité de l’historien
l'objectif de l'historien n'est pas
de ravir son auditeur mais de rapporter les faits passés de la façon
la plus fidèle. Par suite, la principale qualité de l'historien doit être l'objectivité.
Impartial, il doit faire abstraction de son individualité, de son appartenance
à une époque et une société données.
C'est ce qui fait écrire à Fénelon que
« le bon historien n'est d'aucun temps, ni d'aucun pays
», et ce qui inspire la conception « positiviste* » de l'histoire : une
restitution neutre des événements, dans leur ordre chronologique (s'en tenir
aux faits et aux documents).
Et comme dit Hegel dans son œuvre
« La Raison dans I ‘histoire » :
« La véritable histoire objective d'un peuple commence lorsqu'elle devient aussi
une histoire écrite » .
Subjectivité comme choix parfois nécessaire
« Nous attendons de
l'historien une certaine qualité de subjectivité » (Paul Ricœur*, Histoire e t Vérité,
1955).
Pour P. Ricœur, une certaine forme de
subjectivité est nécessaire en histoire (rechercher les motivations
subjectives). Il faut, par exemple, savoir faire « revivre » l'esprit des
hommes du passé si on veut les comprendre. Il faut donc penser l'existence
d'une « bonne subjectivité ».
une certaine dimension de subjectivité,
assumée, semble être une condition inséparable du travail de l'historien. Ainsi,
l'historien L. Febvre souligne que l'histoire comporte nécessairement une dimension
de « choix » par rapport à l'ensemble des faits passés. C'est d'ailleurs une
nécessité com m une à toutes les sciences, chacune impliquant un travail d'abstraction
par rapport à la masse des phénomènes. Ainsi, un historien part toujours d'une
certaine question, qui l'amène à retenir certains faits et à les étudier sous
un certain angle.
Comprendre et pas seulement relier les faits historique
Texte de ANTOINE PROST
Le défi que les historiens
doivent désormais relever est de transformer en histoire la demande de mémoire
de leurs contemporains. [...] On fait valoir sans cesse le devoir de mémoire : mais rappeler un
événement ne sert à rien, même pas à éviter qu’il ne se reproduise, si on ne
l’explique pas. Il faut faire
comprendre comment et pourquoi les choses arrivent. On découvre alors des
complexités incompatibles avec le manichéisme purificateur de la commémoration.
On entre surtout dans l’ordre du raisonnement, qui est autre que celui des sentiments,
et plus encore des bons sentiments.
La mémoire se justifie à ses propres yeux d’être moralement et politiquement
correcte, et elle tire sa force des sentiments qu’elle mobilise. L’histoire
exige des raisons et des preuves.
Je suis, il est vrai, un
rationaliste impénitent - un universitaire peut-il ne pas l’être ? - aussi je
pense qu’accéder à l’histoire constitue
un progrès : il vaut mieux que l’humanité se conduise en fonction de raisons
que de sentiments. C’est pourquoi l’histoire ne doit pas se mettre au service
de la mémoire ; elle doit certes accepter la demande de mémoire,
mais pour la transformer en histoire. Si nous voulons être les acteurs
responsables de notre propre avenir, nous avons d’abord un devoir d’histoire.
Antoine Prost, Douze Leçons sur l’histoire, Le Seuil, 1996, p. 305-306.
Comprendre le texte
Il ne sert à rien de se remémorer ou
même de commémorer un événement (d'en célébrer le souvenir), si on ne le
comprend pas. L'histoire est cette tentative de compréhension.
il ne suffit pas encore de relier des faits entre eux par des causes
objectives, comme pour des phénomènes physiques. Il doit chercher à les comprendre
dans leur dimension humaine, en s'efforçant de saisir les pensées et les
valeurs des hommes du passé.
Résumée
Comprise comme discipline ou comme
savoir, l’histoire peut être définie comme la connaissance du passé, telle que
l’étude des documents permet de l’établir. Un problème qui se pose à la réflexion. est celui de
l’objectivité d’une telle connaissance. À l’opposé des historiens positivistes
pour lesquels l’histoire se résume dans l’établissement des faits, nombreux
sont les théoriciens qui doutent de la possibilité d’une telle objectivité, en
soulignant la part de subjectivité du travail historique, du choix de son objet
de l’établissement des documents, de leur interprétation qui recrée le passé à
partir d’un présent donné ou de la méthode qui détermine ce choix.
cours de philosophie sur l'histoire
Reviewed by rachman
on
octobre 30, 2019
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