L’art ne consiste-t-il que dans une imitation de la nature ?
Platon
reprochait aux artistes d’être des imitateurs, des inventeurs d’un monde
d’illusion (où les dieux et les héros ne sont pas dépourvus de passion ni de
méchanceté) pour mieux nous éloigner de la vérité morale…
Quand il
construit le lit dans lequel nous dormons, le menuisier se règle sur le modèle
intelligible de lit qui est le lit véritablement réel. Quant au peintre, la
question se pose justement de savoir s’il imite le lit réel ou le lit du
menuisier qui est déjà une imitation du lit réel.
« Maintenant, considère ce point; lequel des deux buts se
propose la peinture relativement à chaque objet : est-ce de représenter ce qui
est tel qu’il est, ou ce qui paraît tel qu’il paraît ? Est-ce l’imitation de
l’apparence ou de la réalité ? De l’apparence... »
Platon, La
République, 598c
Le
peintre imite donc l’imitation de l’artisan et non le lit intelligible. En
imitant ce qui paraît tel qu’il paraît, la peinture est donc éloignée au
troisième degré de la vérité. Ainsi Platon en vient-il à condamner un art qui
imite ce qui paraît tel qu’il paraît, qui se règle sur l’apparence du modèle et
non sur ce qu’il est en soi. Le monde sensible est une apparence, non seulement
parce qu’il paraît, mais encore en ce qu’il est un faux-semblant, un
trompe-l’œil, que l’on prend volontiers, comme les prisonniers de la caverne,
pour le monde réel. L’art, quant à lui, propose un simulacre du visible il
représente l’apparence de l’apparence, redouble les apparences déjà trompeuses
du monde sensible, et c’est pourquoi il est tout à la fois inutile et dangereux.
.
Cette
condamnation philosophique de l’art se fonde sur l’idée que l’apparence est,
par elle-même, génératrice d’illusions, qu’elle nous cache la réalité véritable
en se faisant passer pour elle. Une telle idée, pour juste qu’elle soit,
n’exprime qu’une partie des rapports entre essence et apparence. Comme Hegel le
dira beaucoup plus tard dans son Esthétique, «
l’apparence même est essentielle à l’essence »
et Cet
idéalisme commande une pensée de l’art et du beau qui aura une importance
fondamentale dans l’esthétique occidentale de la Renaissance italienne à nos
jours
Platon
condamnait l’art – et la tragédie en particulier – en raison de son immoralité.
Nietzsche prend contre Platon le parti de l’art qui célèbre l’existence dans
toute la vigueur de ses contradictions
Le beau dépend-il du goût de chacun ?
Le
véritable jugement de gout est universel
Cependant,
comme le rappelle Kant, nous disons bien ≪ C'est beau ≫, comme s'il s'agissait d'une propriété objective
de l'œuvre ou de l'objet et comme si nous attendions d'autrui qu'il partage le
même sentiment que nous. Kant s'efforce justement de montrer que le jugement de
gout, bien que reposant sur un sentiment, a la particularité d'être
universalisable.
Dire ≪ C'est beau ≫, c'est présupposer en
chacun la capacite a éprouver le même plaisir. C'est d'ailleurs la condition
pour que puissent exister des ≪
chefs-d’œuvre », transcendant les sensibilités individuelles, les époques et
les cultures.
Kant
remonte au principe de l’ intuition : le terme « esthétique »
n’apparaît plus chez lui pour désigner un domaine d’objets particulier ou une
science, mais d’abord pour qualifier un type de jugement irréductible à la
connaissance théorique. C’est le jugement de goût où se conjuguent
paradoxalement le plus singulier (dans l’élément du plaisir, mais désintéressé)
et le plus universel (mais sans concept déterminant).
Le
jugement esthétique
Hume :Relativité
apparente du jugement de gout Dans la
mesure où la beauté caractérise l'œuvre d'art, apprécier une œuvre, c'est juger
de sa beauté. Or, la beauté ne semble pas être une qualité ≪objective ≫, inhérente a l'objet
lui-même que l'on juge. C'est plutôt un sentiment qui traduit le plaisir qu'un
objet produit sur notre sensibilité et qui diffère selon le gout de chacun. Il
ne sert alors a rien de ≪ disputer
≫ de la beauté ou, comme
l'écrit David Hume, « tout individu devrait être d'accord avec son propre
sentiment sans prétendre régler ceux des autres ».
L’art -2-
Reviewed by rachman
on
janvier 15, 2019
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