LIBERTÉ 1 TERMINAL



introduction
« L'homme est né libre, et partout il est dans les fers. ». Avec cette fameuse ligne d'ouverture, Rousseau commence Le contrat social. On prétend  toujours que  les hommes sont par essence libres mais ils n'exercent pas effectivement leur liberté : leurs relations témoignent de multiples rapports de pouvoir et de soumission .
Dans L'opinion commune :
Être libre, c’est précisément faire ce qui ne nous plaît pas : on est plus libre à dire la vérité qui nous déplaît plutôt que le mensonge qui nous plaît.       
Ainsi Socrate montre-t-il au sophiste Gorgias, que, contrairement à ce qu’il avait dit étourdiment, le tyran n’est pas l’homme le  plus libre de la  cité sous le prétexte qu’il peut se débarrasser de qui    il veut, puisqu’il est l’esclave de ses propres colères et de ses propres envies.
La définition de la liberté
On peut définir La liberté négativement comme la capacité à   agir sans cause extérieure déterminante et positivement comme puissance d’agir.

Questions
3.   La liberté n’est-elle qu’une illusion ?
4.   Comment être libre tout en obéissant à une loi ?



La liberté n’est-elle qu’une illusion ?

Dans la méditation qua­trième des Méditations métaphysiques, Descartes définit ainsi cette volonté libre : « Elle consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose, ou ne la faire pas. »
Libre arbitre  et déterminisme En ce sens, la liberté se situerait plutôt dans la capacité de la raison à affranchir l'homme de tout déterminisme : il s'agirait, pour être libre, d'être capable de vouloir agir (ou penser) par soi-même, c'est-à-dire consciemment et librement, sans plus être déterminé (poussé) par aucune cause extérieure à sa volonté (notamment les désirs).

Descartes définit la notion de « libre arbitre ». Celui-ci s'exprime tout d'abord, dans le degré le plus bas, dans la liberté dite « d'indifférence », laquelle consiste à choisir arbitrairement de faire (ou pas) une chose. Pour autant, Descartes montre que le degré supérieur de liberté consiste à choisir de faire (ou de penser) une chose en sachant pour quelles raisons on décide de la faire (ou de la penser).
En plus il précise que l'on peut distinguer plu­sieurs degrés dans ce libre arbitre. Le plus bas degré consiste en une liberté dite « d'indiffé­rence », où l'on choisit telle chose plutôt que telle autre sans réelle raison : par exemple, choisir arbitrairement de boire de l’eau plutôt que du jus d'orange. Une forme plus haute de liberté est la capacité de choisir une action en fonction de motifs éclairant davantage son choix. Ces motifs peuvent être empruntés au domaine de la connaissance (choisir le vrai plutôt que le faux) ou au domaine moral (choisir le bien plutôt que le mal) : par exemple, choisir le de l’eau parce que cela est nécessaire   pour la santé. Ici, selon la théorie de Descartes, je suis plus libre que si je choisis indifféremment entre telle ou telle chose.
Texte de Baruch Spinoza



Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une  pierre par exemple reçoit d’une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l’impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu’elle est nécessaire, mais parce qu’elle  doit être définie par l’impulsion d’une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l’en­tendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu’il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes , parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d ’une certaine manière déterminée. Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que parce qu’elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu'ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire.  De même un délirant, un bavard, et bien d’autres de même farine, croient agir par un libre décret de l’âme et non se laisser contraindre.
Baruch Spinoza, Lettre 58 à Schuller, 1674. in Œuvres, t. 4, Garnier-Flammarion, trad. C. Appuhn, 1966, p. 303-305.

Questions pour comprendre le texte

1.   Relevez la définition de liberté et de contrainte. Expliquez pourquoi l'idée d'une « libre nécessité » n'est pas une contradiction.
2.   Que permet de comprendre l'exemple de la pierre ?
3.    Expliquez « les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent »
4.   Pourquoi la liberté entendue comme libre arbitre est-elle une illusion

Spinoza dénonca l'illusion du libre arbitre carté­sien, l'exemple d'une pierre qu'on lance et qui obéit alors, dans son mouvement, à l'impulsion qui lui a été donnée. Il explique en quoi cette pierre obéit en fait, dans son mouvement, à des causes extérieures et en quoi elle pourrait, si elle avait une conscience, croire être l'auteur de son mouvement. En effet, elle ne sentirait que son mouvement intérieur, sans savoir que celui-ci vient en réalité d'une cause extérieure. Spinoza compare l'illusion de liberté qu'aurait cette pierre avec celle qu'ont les hommes lorsqu'ils croient agir librement. Eux aussi croient leur action déterminée uniquement par leur volonté, alors même que leur action obéit à des causes étrangères à celle-ci - des impulsions (ou « appé­tits ») enracinées dans leur corps - et qu'ils ne perçoivent pas. Spinoza prend l'exemple de l'homme en colère, déterminé par sa colère et croyant en fait « vouloir se venger », c'est-à-dire croyant agir par volonté et non par colère. Il se croit libre sans l'être vraiment. En se sachant déterminé à agir par sa colère, cet homme comprendrait la nécessité à laquelle il est soumis et pourrait atteindre une certaine forme de liberté, que l'auteur appelle la « libre nécessité » : il serait plus en accord avec sa nature et pourrait ainsi ne plus « obéir » à sa colère en l'ignorant.

L'illusion du libre arbitre
De même, selon Freud, l'homme ne peut jamais être totalement libre car l'inconscient qui  détermine une partie de ses actions. Seule la  psychanalyse permet une meilleure connais­sance de l'inconscient et une plus grande maîtrise de ses actes.
Mais Le problème      n’est pas seulement  philosophique  :il est aussi         moral. Car si l’homme    n’est pas libre, cela signifie        qu’i n’est pas     responsable de ce qu’il fait. Et s’il n’est pas  responsable, cela       signifie qu’on ne        peut pas raisonnablement         le punir s’il        mal agi.



Kant

Kant  a tenté de concilier les deux points de       vue   : celui d’une stricte nécessité         (qui anéantit la  liberté, donc la responsabilité, donc la morale) et celui d’une liberté incompréhensible.
Pour lui Seule l'exigence morale de faire son devoir et d'agir par sa propre volonté (vouloir agir bien ou faire son devoir) peut en fait « pos­tuler » la liberté humaine, telle une exigence, une demande. Car, si l'homme est déterminé, soumis à ses désirs sensibles et à ce que Kant appelle « l'instinct du bonheur », alors il devient impossible de croire à une action volontaire et désintéressée, capable d'arracher l'homme à sa sphère sensible.
Si l'homme, par exemple, « décide » de ne pas mentir, ce serait non pas pour ne pas mentir mais pour satisfaire un désir, un intérêt (par exemple, avoir bonne conscience). Pour Kant, le vrai devoir exige d'être fait en dehors de tout motif de ce genre : il faudrait ne pas mentir pour ne pas men­tir. Seule une volonté libre (la bonne volonté : vouloir pour vouloir) est capable d'une telle action, qui culmine dans l'« impératif catégorique


Peut-on dire que l’animal est libre ?

Texte de Jean-Jacques Rousseau
Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu’à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la Nature seule fait tout dans les opérations de la Bête, au lieu que l’homme concourt aux siennes, en qualité d’agent libre. L’un choisit ou rejette par instinct, et l’autre par un acte de liberté …….
il y a  une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l ’origine et les fondements de l ’inégalité parmi les hommes


Thèse de Rousseau
Pour Rousseau, la différence spécifique n'est pas l'intelligence, mais la liberté et la « perfecti­bilité », ou « faculté de se perfectionner ».

La puissance de dire non
La puissance du refus est sans doute ce qui différencie le plus nettement l’être       humain des animaux  et des machines.        Certes un animal peut « désobéir» à l’ordre     qu’on lui donne (traditionnellement, l’âme incarnait cet  entêtement), certes une machine peut tomber en  panne. Seulement, on ne dira pas, en ce cas, qu’il y a puissance du refus : ni l’animal ni la machine ne sont  capables de faire ce que fait très        tôt le petit  enfant (dès qu’il commence      à parler) : dire non.


LIBERTÉ 1 TERMINAL LIBERTÉ 1 TERMINAL Reviewed by rachman on novembre 20, 2019 Rating: 5

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