La liberté chez Sartre
Une citation de Sartre dans L’existentialisme est un humanisme
« L’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait. »
La liberté sartrienne renvoie à un projet fondamental, qui existe en creux dans tous les buts particuliers auxquels l’individu se décide, et qui relève d’une position fondamentale par
rapport à l’existence (Sartre parle de « psychanalyse existentielle »). Surtout, cette liberté fondamentale de l’existence est elle-même sans fondement, sans horizon déterminé, sans finalité naturelle.
Cette infinie possibilité de soi-même se révèle douloureusement dans l’angoisse, qui est une expérience du néant au cœur de l’existence. L’expérience de l’absence est l’occasion d’une autre rencontre de ce néant, sur un mode moins radical. Enfin, il est impossible de choisir de n’être pas libre.
La liberté peut cependant être faussement refusée dans la mauvaise foi. La description du garçon de café – un morceau d’anthologie de la phénoménologie sartrienne – illustre cette
possibilité :
« Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peut trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement [...]. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi joue-t-il donc ? Il ne
faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café. »
(Sartre, L’Être et le néant)
Il s’agit donc d’un individu jouant à n’être que garçon de café en essayant d’incarner les gestes stéréotypés d’un garçon de café « idéal ». La mauvaise foi désigne ces conduites
par lesquelles les individus se dissimulent à eux-mêmes leur liberté fondamentale. Ce terme désigne la possibilité permanente de vivre de manière inauthentique la liberté. Telle est
la signification de l’exemple du garçon de café : il s’applique à effectuer les gestes typiques du garçon de café imaginaire et idéal ; il s’efforce de correspondre à la représentation du
garçon de café, à être garçon de café comme cet encrier est un encrier. Or l’homme n’est pas une chose et il ne peut se vivre sur ce mode qu’en se mentant à lui-même. Ce mensonge
à soi est la mauvaise foi : l’oblitération de notre liberté fondamentale.
cours de La liberté
Reviewed by rachman
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avril 20, 2011
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